Paul Henry Assako
Le «Byèri», une figure de reliquaire qui commémore l’ancêtre du groupe ethnolinguistique «fang», à la fois culte et objets nécessaires à sa célébration, l’expression d’une logique philosophique et maté- rielle d’appréhension du monde par le groupe pour définir son propre équilibre.
Le «Byèri» est aussi entre autres, un bel exemple d’expression artistique ayant su confronter l’appréciation du jeu apparence/réalité face auquel s’est souvent révélé toute la contradiction humaine.
Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve dans le répertoire des oeuvres d’afran une réappropriation iconographique idéalisée du «Byèri», ici précieusement vêtu dans une pause majestueuse à travers laquelle l’artiste dissimule les parties génitales de l’ancêtre d’un geste de la main.
Par le moyen pictural, l’artiste réinterprète la forme connue du style sculptural, il modifie le regard qu’on a souvent porté à ses figures de reliquaire et favorise une nouvelle perspective de questionnement critique de notre rapport à l’apparence et à l’histoire des choses qui nous environnent.
Toute la réflexion artistique d’afran se construit ainsi sur la critique de l’impact des regards croisés entre les hommes conditionnés par des principes d’exclusion et d’égémonie qui s’établissent dans les questions d’identité, de race, d’idéologie, de culture, d’économie, etc. son oeuvre s’apparente à un autoportrait psychologique dont les caractéristiques se dessinent tout au long des chocs d’une existence performative qui mettent en évidence les doutes, les peurs et les exploits.
L’artiste poétise cette dialectique de la vie à travers la création d’oeuvres (picturales, sculpturales, installatives, performatives, etc.) remarquables qui témoignent d’une très grande aptitude technique.
Travail et jeu donnent forme à l’art chez cet artiste dont le répertoire d’oeuvres montre une démarche continue d’exploration critique des matériaux divers et de réinvention technique.
Paul Henri Assako, 2014